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 Le Radiosondage : lâcher d'une radiosonde
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Voir aussi : Vol d'une radiosonde - L'écoute des radiosondes - Le radiosondageLes dérouleurs de ficelle - Le parachute - Les enveloppes de ballons-sondes - Le ballon-parachute -

Chaque jour plus de 10 ballons-sondes météo sont lâchés par les stations de radiosondage de Météo-France en métropole. Le centre de Payerne de Météo-Suisse en lâche 2 de son côté ; les voisins allemands, italiens, espagnols, anglais... font de même. Les modèles des radiosondes utilisées ne sont pas tous les mêmes, les modulations et les protocoles de transmission de la télemesure sont variés mais les informations transmises sont standardisées. Les données recueillies à un moment donné vont alimenter une base de données mondiale qui servira à des calculateurs géants à établir des modèles d'atmosphère pour les heures et les jours suivants ; ce sont ces modèles qui nous servirons de base pour effectuer des calculs de trajectoires prévisionnelles.
La façon dont la radiosonde est lâchée intéresse le chasseur de RS car il pourra mieux en prévoir le point de chute.
Sur la photo ci-contre, une radiosonde Meteolabor est prête à être lâchée à Payerne, la station de radiosondage de Météosuisse. Une très longue ficelle la retient, accrochée à un boîtier de commande manoeuvré à distance (en bas et à gauche de la photo). Le petit crochet en forme de doigt, sur lequel est passée la boucle de la ficelle, se lévera à l'heure précise (on est en Suisse !).
La RS, à peine visible sur la photo, est relativement proche du ballon (environ 25m).
L'usage d'une ficelle de si grande longueur de 25m est justifié pour :
- limiter l'influence de l'enveloppe sur les mesures (voir : Les dérouleurs de ficelle )
- limiter le balancement de la nacelle sous le ballon pour éviter un trop profond fading et surtout améliorer la réception des signaux GPS pour les sondes qui en sont équipées (en 2015 : la quasi totalité)
- permettre au boîtier de la radiosonde de se rapprocher du sol quand le parachute est accroché dans le haut d'un grand arbre (mais ce n'est pas une raison essentielle pour les techniciens des centres de radiosondage...)
Une deuxième ficelle, encore plus longue, relie la radiosonde au boîtier de commande de la photo. Ce dispositif très original permet de procéder à un lâcher même par grand vent. Les autres centres de radiosondage utilisent la plupart du temps des dérouleurs de ficelle.
Le lâcher peut être effectué simplement, manuellement, par un opérateur ou à l'aide d'un lanceur automatique.

Phase de calibration

 Cette étape qui précédait systématiquement le lâcher tend à disparaître. Les capteurs, en particulier celui d'humidité, devenant de plus en plus stables et fidèles ; d'autre part, le capteur de pression ayant été la plupart du temps supprimé dans les radiosondes modernes, il n'est plus nécessaire de mesurer la pression locale au moment du lâcher, opération qui s'apparente à la remise à zéro de l'altimètre d'un avion pour un vol local. La procédure décrite ici va bientôt faire partie du passé.
  Le technicien responsable du radiosondage place la sonde sur un banc de mesure (en anglais "Ground Check Set"), ici le modèle GC25 de Vaisala, qui permet d'initialiser celle-ci avec des valeurs standard. Il profite de cet instant pour ajuster la fréquence de l'émetteur qu'il contrôle sur son récepteur. Il vérifie également que les signaux de télémesure sont corrects. Sur la photo, une RS92-KL est connectée sur l'appareil, ses capteurs de température et d'humidité sont enfermés dans une enceinte où les paramètres de température et d'humidité relative sont connus. La bobine posée sur le banc d'étalonnage est le dérouleur de la RS92 qui contient les 30 mètres de la ficelle qui relie le boîtier de la radiosonde au parachute ou directement au ballon s'il n'y a pas de parachute.
Les radiosondes Modem (M2K2, M10) utilisent un boîtier de calibration légèrement différent.
Pendant cette phase, un chasseur de RS situé à quelques centaines de mètres (voire quelques kilomètres s'il est bien dégagé) de la station météo pourrait écouter la sonde sur son récepteur pour noter la fréquence et mémoriser la modulation.


Gonflage

Une dizaine de minutes avant l'heure du lâcher, le technicien emporte la radiosonde, son parachute et l'enveloppe en latex du ballon dans le local de gonflage. C'est un abri qui protège le ballon du vent pour qu'il ne soit pas arraché au tuyau de gonflage (rep. T sur la photo) ou rabattu contre le sol (abri qui protège aussi l'opérateur des intempéries, bien sûr). DE plus en plus sont utilisés des appareils automatiques qui peuvent gonfler et lâcher automatiquement une radiosonde à une heure précise. Le ballon est gonflé à l'hélium (ou à l'hydrogène) de façon à pouvoir soulever une certaine masse (rep. M), ce qui déterminera à la fois la vitesse de montée et l'altitude d'éclatement. A Payerne, où l'hydrogène remplace avantageusement l'hélium, c'est le volume de gaz qui est mesuré pendant le gonflage.
Toute précaution doit être prise pour que l'enveloppe gonflée ne touche ni le sol ni un quelconque objet (mur, opérateur, brindille...) qui l'affaiblirait ou la ferait éclater prématurément. Le ballon a un diamètre de 2 mètres environ au moment du décollage. Juste avant l'éclatement, l'enveloppe, dilatée par la différence de pression entre l'intérieur du ballon et celle de l'atmosphère qui l'entoure, atteindra un diamètre de près de 5 mètres. (voir : Les enveloppes de ballons-sondes)
Pour les sondes Modem, Vaisala ou Graw, la ficelle qui relie le boîtier de la sonde au parachute est généralement bobinée sur un dérouleur. Ce n'est qu'à quelques centaines de mètres d'altitude que la ficelle est entièrement déroulée. Le technicien (ou le lanceur automatique) n'est pas encombré par la ficelle qui pourrait s'emmêler ou accrocher un arbre ou un bâtiment. Voir : Les dérouleurs de ficelle.

 
 Lanceur automatique de radiosondes à Saint-Hubert (Belgique). Sous l'abri H sont rangées les bouteilles d'hélium. Le ballon gonflé s'échappera par la trappe C à l'heure programmée.    Le bâtiment de gonflage de Météo-Suisse à Payerne. On aperçoit un ballon en cours de gonflage à l'intérieur de celui-ci.

Suivi de la télémesure

L'enregistrement des données est automatique, le récepteur possède un système de contrôle automatique de fréquence (CAF) qui corrige la dérive de la fréquence de la radiosonde si son oscillateur est à fréquence libre. C'est la mesure de la pression qui permet de repérer le moment d'éclatement du ballon, lorsque celle-ci, après avoir cessé de baisser, se remet à augmenter. Pour les radiosondes équipées de récepteurs GPS c'est bien sûr la diminution d'altitude qui est déterminante. Les mesures sont alors interrompues, la phase de descente ne présentant pas d'intérêt pour le radiosondage. En fait les mesures les plus importantes sont celles qui concernent la troposphère, partie de l'atmosphère située en dessous de 12 ou 13000 mètres ; par convention, c'est l'altitude de 16000m, qui correspond à peu près à la pression de 100hPa, qui sert de référence.
La photo ci-contre montre un poste de suivi de radiosonde Vaisala RS92-KL, appartenant maintenant au passé :
- à droite les ordinateurs permettant l'affichage des données reçues et l'étalonnage de la sonde avant le vol
- à gauche la station radio de réception (rep. Rx) et de décodage de la télémesure rep. D. Le récepteur LORAN-C utilisé pour la localisation de la rdiosonde en vol est dans le rack du haut (rep. L)
La RS92-KL qui va être lâchée est encore sur le banc d'étalonnage (rep. G), sa pile (rep. P) est prête à être hydratée.
Un sondage dont la télémesure ou le positionnement de la RS sont interrompus prématurément ou bien font l'objet de coupures importantes donne lieu au lancement d'une deuxième radiosonde sur une fréquence différente.
Pour les autres types de radiosondes utilisées après 2012, la procédure est encore plus simple mais les principes sont similaires.

Fiche d'instructions

Sur le boîtier de la radiosonde, le technicien effectuant le radiosondage accroche ou colle une fiche d'instructions destinée à celui qui retrouvera la sonde après le vol. Pour Météo-France c'est un carton orange, pour Météo-Suisse une fiche verte, pour les militaires allemands de la Bundeswehr la fiche est rose et les Anglais du Met-Office se contentent d'une étiquette collée sur le boîtier de la RS90-SGP qu'ils expédient.
L'ETBS de Bourges utilise un ruban autocollant mentionnant l'adresse de l'établissement et rappelant que la RS retrouvée est sans danger. Mais il est très fréquent de retrouver une sonde sans fiche parce que le centre concerné n'a pas pour coutume d'en mettre ou simplement parce qu'il est en rupture de stock...
Les informations portées sur l'étiquettes sont :
- adresse complète du centre ou simplement son nom. Adresse de l'organisme (par ex. celle de Météo-France/DSO)
- date et heure approximative de lâcher
- explications concernant la nature de l'objet
- instructions de recyclage en expliquant comment enlever la pile de l'appareil avant de le mettre à la poubelle
- instructions de renvoi précisant éventuellement qu'une petite récompense sera retournée à l'expéditeur. Ainsi les M2K2 peuvent être retournées au fabricant, MODEM (voir M2K2DC).
- un avertissement comme quoi le boîtier contient une pile à seau succeptible de laisser s'écouler son électrolyte acide.
Et parfois un petit mot pour le chasseur de radiosonde éventuel ou le passant qui retrouvera la RS échouée.


Radiosondages spéciaux

Quand il s'agit de comparer deux (ou plusieurs) radiosondes ou encore tester un capteur particulier, on peut accrocher sous un même ballon et le même parachute les radiosondes à tester. Une perche isolante ou une canne de bambou est utilisée pour maintenir les radiosondes à distance.
L'enveloppe et le parachute sont alors dimensionnés en fonction de la masse à emporter.
Sur la photo ci contre, due à Frits, PE2G, on voit que la station allemande de radiosondage avait attachée sous un bâton de bois une RS92-SGP et une DFM-06
Lors des inter-comparaisons effectuées pour étudier le fonctionnement de sondes de marques différentes, jusquà 6 radiosondes peuvent être entraînées par un seul ballon. En Pologne, Daniel SP6QDX avait chassé et retrouvé un groupement de cinq radiosondes différentes !
Parfois un ballon-parachute est utilisé pour freiner la descente qui s'effectue alors à vitesse constante. Ce ballon, qui n'éclate pas, flotte parfois au-dessus de la sonde.