Avant de se lancer dans une expédition coûteuse en
kilomètres, il est bon de se préparer en écoutant
les radiosondes depuis chez soi. On pourra se familiariser avec
la modulation, pour ne pas risquer de suivre la RS de Trappes
alors qu'on est près de Lyon ou pour apprendre à
distinguer à l'oreille le moment de l'éclatement
du ballon. Ce genre d'entraînement va servir également
de test pour le matériel de détection : récepteur,
antenne et câbles.
Quoi écouter
On cherchera d'abord à entendre la radiosonde que l'on
chassera un jour. Le problème est de l'identifier car il
peut y avoir deux ou trois RS identiques en l'air au même
instant. Par exemple, un chasseur de RS situé sur les hauteurs
de Dijon un jour favorable peut entendre en même temps les
radiosondes de Trappes, Nîmes et Payerne et si le vent souffle
du nord-est il risque de capter les signaux de celle d'Idar-Oberstein.
Dans l'Est de la France, on peut entendre jusqu'à 10 radiosondes
en l'air en même temps (voire 14 les jours de bonne propagation
et en montant en point haut)
Dans le chapitre 2 on trouvera
les listes des stations de radiosondage (France
et Europe) avec les fréquences
habituelles et les types de radiosondes utilisées.
D'où écouter
Un endroit dégagé suffit, il n'est pas nécessaire
d'être en point haut, puisque les RS sont en hauteur, l'essentiel
est que l'endroit soit bien dégagé de tout obstacle
pour que la radiosonde soit visible. Lorsque la distance est grande,
on n'entendra le signal que lorsque la radiosonde sera proche
du sommet de sa trajectoire, il faudra donc écouter entre
1h30 et 2h après l'heure de lâcher. C'est d'abord
à cause de la distance à l'horizon optique due à
la rotondité de la Terre : en mer, pour être visible
à 100 km un objet doit être à 800 mètres
d'altitude et à 200 km c'est à 3200 mètres
de hauteur qu'il doit se trouver. Mais il y a aussi les phénomènes
de propagation troposphérique, dus aux variations de l'indice
de réfraction de l'atmosphère, qui se font sentir
en incurvant le trajet des ondes vers le haut ou vers le bas.
Des distances de plus de 300 km sont courantes avec un équipement
de réception ordinaire (yagi 5 éléments et
scanner de poche) et il n'est pas impossible de décoder
une RS92SGP à plus de 700km avec une 15 éléments
suivie d'un préampli à faible bruit.
Il importe de se trouver en vue directe de la radiosonde et de
se dégager des obstacles proches qui réfléchissent
ou absorbent les ondes (bâtiments, arbres...) : le signal
peut être complètement étouffé et la
direction de la RS serait également faussée.
On peut profiter d'un déplacement ou d'un voyage dans la
région proche de la station de radiosondage pour effectuer
une écoute pendant quelques minutes d'un signal fort que
l'on identifiera sans ambiguïté.
Quand écouter
Heures de lâcher
La plupart des stations de radiosondage effectuent des lâchers
ordinaires deux fois par jour : à midi et à minuit.
Ce sont les sondages dit de 00Z et de 12Z (ou 00 UTC et 12UTC).
En fait, à cette heure-là, la radiosonde est déjà
en l'air depuis 50 ou 60 minutes pour que les mesures effectuées
pendant la montée soient à peu près réparties
de part et d'autre de l'heure de référence.
C'est ainsi que le lâcher de 12Z est en réalité
effectué vers 11Z et celui de 00Z à 23Z de la veille.
Certains centres utilisent des horaires décalées
: 03Z, 09Z, 15Z ou 21Z. Voir la liste
des stations européennes.
Pour retrouver l'heure locale il suffit d'ajouter 2h en été
et 1h en hiver.
- 0000 UTC => décollage à 01h00 locale en été
et 00h00 locale en hiver
- 1200 UTC => décollage à 13h00 locale en été
et 12h00 locale en hiver
L'heure de décollage n'est pas très rigoureuse,
si un ballon éclate par accident au décollage ou
si la télémesure est défaillante au bout
de 5 mn un deuxième lâcher peut avoir lieu, souvent
sur une autre fréquence.
Cependant les Suisses de Payerne s'efforcent de respecter l'heure
exacte. Il en est de même pour les centres utilisant des
lanceurs automatiques.
Certains centres météo peuvent effectuer 4 lâchers
par jour, pour des expériences à durée limitée
par exemple. Les deux lâchers supplémentaires ont
lieu à 0600 UTC et à 1800 UTC (+1h en été
et +0 en hiver pour avoir l'heure locale). Idar-Oberstein effectue
4 lâchers quotidiens toute l'année.
Comme l'éclatement a lieu environ 1h40 après le
décollage on écoutera vers :
Heure UTC du
sondage
Horaires d'hiver
(UTC+1h)
Horaires d'été
(UTC+2h)
décollage
éclatement
atterrissage
décollage
éclatement
atterrissage
0000
00h00
01h30
02h15
01h00
02h30
03h15
0600
06h00
07h30
08h15
07h00
08h30
09h15
1200
12h00
13h30
14h15
13h00
14h30
15h15
1800
18h00
19h30
20h15
19h00
20h30
21h15
Des heures plus précises peuvent être obtenues avec
de bonnes prévisions.
Après avoir entendu et identifié une radiosonde,
il est intéressant de l'écouter plusieurs jours
de suite et depuis l'apparition du signal jusqu'à sa disparition.
A moins de 100 km de distance et si on est bien dégagé
on peut suivre la presque totalité du vol.
On peut connaître avec une bonne précision l'heure
réelle d'un lâcher. Voir Mode
d'emploi du site UWYO
Certains organismes effectuent des radiosondages irrégulièrement,
en fonction de leurs besoins. Ils ont lieu généralement
en dehors de horaires précités.
En fonction de la distance de la RS
Les radiosondes lâchées par une station météo
située à plus de 500 km peuvent devenir audibles
lorsque le vent souffle dans la bonne direction ou lorsque les
conditions de propagation sont favorables. Un vent de 100 noeuds
peut rapprocher une RS de 150 km ou plus au moment de l'éclatement.
La surveillance des windgrams
prévisionnels permet de se faire une idée de la
zone d'éclatement des radiosondes lâchées
dans un rayon de 300km.
Comment écouter
On peut commencer l'écoute
avec un récepteur simple couvrant en AM et FM à
bande large (WFM) et une antenne caoutchouc. La portée
est évidemment bien moins grande qu'avec une antenne
yagi à 5 éléments ou plus.
Celui qui s'intéresse au décodage
de la télémesure aura besoin de signaux
propres et avec un bon rapport signal/bruit. Il pourra alors s'équiper
d'un bon récepteur précédé d'un préampli
à faible bruit et installer une antenne yagi à grand
gain (11 à 22 éléments, par exemple), bien
qu'il soit possible de décoder avec une verticale et un
petit scanner. La polarisation de l'antenne sera verticale, comme
celle de la radiosonde (photo).
Quels que soient les moyens d'écoute, la méthode
est la même et il faut :
- savoir dans quelle direction écouter en mesurant l'azimut
du centre météo sur une carte
- balayer inlassablement entre 400 et 406 MHz avec un pas
de 5 ou 10 kHz maximum
- écouter en SSB d'abord dans la mesure du possible, AM,
FM puis WFM
- s'être familiarisé avec la modulation des radiosondes
(voir : Identification au son
d'une RS)
- noter les heures et les fréquences où un signal
est audible
- si possible, enregistrer la modulation sur un magnétophone,
un PC ou à l'aide d'un camescope. Les modulations données
en exemple dans les pages consacrées aux différentes
RS sont parfois éloignées de ce que l'on entend
soi-même car la modulation dépend de la fréquence
d'écoute, du mode (SSB, NFM, WFM...), de la bande passante
du récepteur, du QSB, des brouillages éventuels
et aussi de la dégradation du son dû à l'enregistrement.
En tenant un journal d'écoute (sous un tableur genre OpenOffice,
par exemple) on peut faire des statistiques, comparer les résultats
obtenus avec d'autres chasseurs... Les informations recueillies
seront précieuses quand il s'agira de préparer la
première expédition.
La feuille de log
Le "log-book" est le journal d'écoute.
On y consignera tous les signaux entendus en précisant
:
- A : la date
- B : l'heure locale
- C : la fréquence en MHz
- D : le mode de réception (FM étroite, WFM ou FM
large, SSB, AM)
- E : force du signal de 1 à 9
- F : type de radiosonde ou description de la modulation entendue
(souffle, porteuse...)
- G : direction du signal par rapport au nord
- H : centre de radiosondage
- I : type d'antenne, de récepteur...
- J : lieu d'écoute, phase du vol...
En standardisant chaque report d"écoute on pourra
faire plus facilement des statistiques, en triant, sélectionnant,
effectuant des calculs... Télécharger une feuille de
log vierge au format Excel
Le décodage des radiosondes
Avec l'ajout en été 2011 des fonctions de décodage
des DFM-06, des M10 et des C34, SondeMonitor est maintenant un
outil presque universel pour le décodage des radiosondes.
Après un apprentissage relativement facile il permet d'identifier
avec quasi certitude l'origine de la radiosonde écoutée.
Voir le tutoriel.
Remarques
Les informations et méthodes qui précédent
ne sont pas applicables à 100%, les exceptions sont fréquentes.
Ainsi une radiosonde que l'on devrait entendre est absente et
il arrive qu'on capte les signaux d'une RS inhabituelle. Les exemples
sont nombreux :
- radiosondages sporadiques ou exceptionnels (campagnes de mesures,
centre de Bourges, radiosondage des unités d'artillerie...)
- fréquence différente de la fréquence habituelle
( en cas de deuxième lâcher...)
- propagation exceptionnelle ou grande distance parcourue par
une radiosonde d'une centre très éloigné
(lorsque les courants-jet sont actifs)