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 Le Radiosondage : écoute des ballons-sondes météo
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Retour :  04- L'écoute des radiosondes

Voir aussi : Le radiosondage - Les stations de radiosondage - L'antenne - Le récepteur - Identification au son d'une RS - L'écoute des radiosondes, premiers pas - Les fréquences d'émission des radiosondes météo - Liste des stations européennes -

Avant de se lancer dans une expédition coûteuse en kilomètres, il est bon de se préparer en écoutant les radiosondes depuis chez soi. On pourra se familiariser avec la modulation, pour ne pas risquer de suivre la RS de Trappes alors qu'on est près de Lyon ou pour apprendre à distinguer à l'oreille le moment de l'éclatement du ballon. Ce genre d'entraînement va servir également de test pour le matériel de détection : récepteur, antenne et câbles.

Quoi écouter

On cherchera d'abord à entendre la radiosonde que l'on chassera un jour. Le problème est de l'identifier car il peut y avoir deux ou trois RS identiques en l'air au même instant. Par exemple, un chasseur de RS situé sur les hauteurs de Dijon un jour favorable peut entendre en même temps les radiosondes de Trappes, Nîmes et Payerne et si le vent souffle du nord-est il risque de capter les signaux de celle d'Idar-Oberstein. Dans l'Est de la France, on peut entendre jusqu'à 10 radiosondes en l'air en même temps (voire 14 les jours de bonne propagation et en montant en point haut)
Dans le chapitre 2 on trouvera les listes des stations de radiosondage (France et Europe) avec les fréquences habituelles et les types de radiosondes utilisées.

D'où écouter

Un endroit dégagé suffit, il n'est pas nécessaire d'être en point haut, puisque les RS sont en hauteur, l'essentiel est que l'endroit soit bien dégagé de tout obstacle pour que la radiosonde soit visible. Lorsque la distance est grande, on n'entendra le signal que lorsque la radiosonde sera proche du sommet de sa trajectoire, il faudra donc écouter entre 1h30 et 2h après l'heure de lâcher. C'est d'abord à cause de la distance à l'horizon optique due à la rotondité de la Terre : en mer, pour être visible à 100 km un objet doit être à 800 mètres d'altitude et à 200 km c'est à 3200 mètres de hauteur qu'il doit se trouver. Mais il y a aussi les phénomènes de propagation troposphérique, dus aux variations de l'indice de réfraction de l'atmosphère, qui se font sentir en incurvant le trajet des ondes vers le haut ou vers le bas. Des distances de plus de 300 km sont courantes avec un équipement de réception ordinaire (yagi 5 éléments et scanner de poche) et il n'est pas impossible de décoder une RS92SGP à plus de 700km avec une 15 éléments suivie d'un préampli à faible bruit.
Il importe de se trouver en vue directe de la radiosonde et de se dégager des obstacles proches qui réfléchissent ou absorbent les ondes (bâtiments, arbres...) : le signal peut être complètement étouffé et la direction de la RS serait également faussée.
On peut profiter d'un déplacement ou d'un voyage dans la région proche de la station de radiosondage pour effectuer une écoute pendant quelques minutes d'un signal fort que l'on identifiera sans ambiguïté.

Quand écouter

Heures de lâcher
La plupart des stations de radiosondage effectuent des lâchers ordinaires deux fois par jour : à midi et à minuit. Ce sont les sondages dit de 00Z et de 12Z (ou 00 UTC et 12UTC). En fait, à cette heure-là, la radiosonde est déjà en l'air depuis 50 ou 60 minutes pour que les mesures effectuées pendant la montée soient à peu près réparties de part et d'autre de l'heure de référence.
C'est ainsi que le lâcher de 12Z est en réalité effectué vers 11Z et celui de 00Z à 23Z de la veille.
Certains centres utilisent des horaires décalées : 03Z, 09Z, 15Z ou 21Z. Voir la liste des stations européennes.
Pour retrouver l'heure locale il suffit d'ajouter 2h en été et 1h en hiver.

- 0000 UTC => décollage à 01h00 locale en été et 00h00 locale en hiver
- 1200 UTC => décollage à 13h00 locale en été et 12h00 locale en hiver

L'heure de décollage n'est pas très rigoureuse, si un ballon éclate par accident au décollage ou si la télémesure est défaillante au bout de 5 mn un deuxième lâcher peut avoir lieu, souvent sur une autre fréquence. Cependant les Suisses de Payerne s'efforcent de respecter l'heure exacte. Il en est de même pour les centres utilisant des lanceurs automatiques.
Certains centres météo peuvent effectuer 4 lâchers par jour, pour des expériences à durée limitée par exemple. Les deux lâchers supplémentaires ont lieu à 0600 UTC et à 1800 UTC (+1h en été et +0 en hiver pour avoir l'heure locale). Idar-Oberstein effectue 4 lâchers quotidiens toute l'année.

Comme l'éclatement a lieu environ 1h40 après le décollage on écoutera vers :

  Heure UTC du sondage

 Horaires d'hiver (UTC+1h)

 Horaires d'été (UTC+2h)

 décollage

 éclatement

 atterrissage

 décollage

  éclatement

 atterrissage
 0000

 00h00

 01h30

 02h15

 01h00

 02h30

 03h15
 0600

 06h00

 07h30

 08h15

 07h00

 08h30

 09h15
 1200

 12h00

 13h30

 14h15

 13h00

 14h30

 15h15
 1800

 18h00

 19h30

 20h15

 19h00

 20h30

 21h15

Des heures plus précises peuvent être obtenues avec de bonnes prévisions.
Après avoir entendu et identifié une radiosonde, il est intéressant de l'écouter plusieurs jours de suite et depuis l'apparition du signal jusqu'à sa disparition. A moins de 100 km de distance et si on est bien dégagé on peut suivre la presque totalité du vol.
On peut connaître avec une bonne précision l'heure réelle d'un lâcher. Voir Mode d'emploi du site UWYO
Certains organismes effectuent des radiosondages irrégulièrement, en fonction de leurs besoins. Ils ont lieu généralement en dehors de horaires précités.

En fonction de la distance de la RS
Les radiosondes lâchées par une station météo située à plus de 500 km peuvent devenir audibles lorsque le vent souffle dans la bonne direction ou lorsque les conditions de propagation sont favorables. Un vent de 100 noeuds peut rapprocher une RS de 150 km ou plus au moment de l'éclatement. La surveillance des windgrams prévisionnels permet de se faire une idée de la zone d'éclatement des radiosondes lâchées dans un rayon de 300km.

Comment écouter

On peut commencer l'écoute avec un récepteur simple couvrant en AM et FM à bande large (WFM) et une antenne caoutchouc. La portée est évidemment bien moins grande qu'avec une antenne yagi à 5 éléments ou plus.
Celui qui s'intéresse au décodage de la télémesure aura besoin de signaux propres et avec un bon rapport signal/bruit. Il pourra alors s'équiper d'un bon récepteur précédé d'un préampli à faible bruit et installer une antenne yagi à grand gain (11 à 22 éléments, par exemple), bien qu'il soit possible de décoder avec une verticale et un petit scanner. La polarisation de l'antenne sera verticale, comme celle de la radiosonde (photo).
Quels que soient les moyens d'écoute, la méthode est la même et il faut :
- savoir dans quelle direction écouter en mesurant l'azimut du centre météo sur une carte
- balayer inlassablement entre 400 et 406 MHz avec un pas de 5 ou 10 kHz maximum
- écouter en SSB d'abord dans la mesure du possible, AM, FM puis WFM
- s'être familiarisé avec la modulation des radiosondes (voir : Identification au son d'une RS)
- noter les heures et les fréquences où un signal est audible
- si possible, enregistrer la modulation sur un magnétophone, un PC ou à l'aide d'un camescope. Les modulations données en exemple dans les pages consacrées aux différentes RS sont parfois éloignées de ce que l'on entend soi-même car la modulation dépend de la fréquence d'écoute, du mode (SSB, NFM, WFM...), de la bande passante du récepteur, du QSB, des brouillages éventuels et aussi de la dégradation du son dû à l'enregistrement.
En tenant un journal d'écoute (sous un tableur genre OpenOffice, par exemple) on peut faire des statistiques, comparer les résultats obtenus avec d'autres chasseurs... Les informations recueillies seront précieuses quand il s'agira de préparer la première expédition.

La feuille de log

Le "log-book" est le journal d'écoute.

On y consignera tous les signaux entendus en précisant :
- A : la date
- B : l'heure locale
- C : la fréquence en MHz
- D : le mode de réception (FM étroite, WFM ou FM large, SSB, AM)
- E : force du signal de 1 à 9
- F : type de radiosonde ou description de la modulation entendue (souffle, porteuse...)
- G : direction du signal par rapport au nord
- H : centre de radiosondage
- I : type d'antenne, de récepteur...
- J : lieu d'écoute, phase du vol...
En standardisant chaque report d"écoute on pourra faire plus facilement des statistiques, en triant, sélectionnant, effectuant des calculs...
Télécharger une feuille de log vierge au format Excel

Le décodage des radiosondes

Avec l'ajout en été 2011 des fonctions de décodage des DFM-06, des M10 et des C34, SondeMonitor est maintenant un outil presque universel pour le décodage des radiosondes. Après un apprentissage relativement facile il permet d'identifier avec quasi certitude l'origine de la radiosonde écoutée. Voir le tutoriel.

Remarques

Les informations et méthodes qui précédent ne sont pas applicables à 100%, les exceptions sont fréquentes. Ainsi une radiosonde que l'on devrait entendre est absente et il arrive qu'on capte les signaux d'une RS inhabituelle. Les exemples sont nombreux :
- radiosondages sporadiques ou exceptionnels (campagnes de mesures, centre de Bourges, radiosondage des unités d'artillerie...)
- fréquence différente de la fréquence habituelle ( en cas de deuxième lâcher...)
- propagation exceptionnelle ou grande distance parcourue par une radiosonde d'une centre très éloigné (lorsque les courants-jet sont actifs)