Le repérage et le suivi
d'un ballon par radar répond à des besoins très
divers.
a) mesure des vents
Avant l'utilisation des moyens de localisation comme Omega, Loran
ou GPS, le moyen généralement utilisé pour
suivre l'évolution d'un ballon dans le ciel et déduire
la direction et la vitesse des vents en altitude a été
le radar. En fonction de la distance et de la direction du ballon
on peut reconstituer par calcul le diagramme des vents. Auparavant,
les déplacements du ballon étaient mesurés
par radiogoniométrie à l'aide de radiothéodolites.
Le radar est encore utilisé de nos jours avec les radiosondes
émettant sur 1680MHz ou bien des sondes comme la RS90A.
Les artilleurs français en campagne utilisent encore des
stations SIROCCO (Station Intégrée Radar d'Observation
Continue des COurants aérologiques) équipées
d'un radar de poursuite de ballon-sonde ; les données recueillies
par la mesure des vents et transmise par la radiosonde (P, T et
U) complètent les éléments de tir.
b) sécurité aérienne
Bien que la probabilité de collision entre un avion et
un ballon stratosphérique soit extrêmement faible
et que les risques qui en découleraient soit très
limités, les ballons-sondes au delà d'une certaine
masse doivent être munis d'un réflecteur radar. C'est
le réflecteur pliant en forme d'octaèdre qui est
utilisé. Il est placé entre le parachute et la nacelle
(photo ci-contre)
c) étalonnage de radar
La position d'une radiosonde localisée par DGPS (GPS différentiel)
peut être connue avec une grande précision. Cette
mesure peut permettre la vérification du fonctionnement
d'un radar chargé de la surveillance du ciel.
Rôle du réflecteur
Pour un radar, un ballon et sa petite nacelle sont très
peu visibles, les ondes réfléchies par une radiosonde
sont de très faible intensité. En outre, l'amplitude
du signal réfléchi peut varier selon l'orientation
de la nacelle. Il existe ainsi plusieurs types de réflecteurs
dont le but est généralement de réfléchir
la plus grande partie de l'énergie reçue (cas du
réflecteur en forme d'octaèdre) ou au contraire
une très faible partie de cette énergie mais de
façon très précise (cas du réflecteur
sphérique).
Le réflecteur octaédrique
Son principe est connu depuis très longtemps sous la forme
d'un triple miroir qui a la particularité de réfléchir
la lumière exactement dans la direction dont elle vient.
Les trois miroirs sont disposés à angles droits
comme les trois faces d'un cube partageant le même sommet.
Le rayon lumineux frappant le premier miroir sera réfléchi
sur le second puis sur le troisième et repartira en direction
de la source. En regroupant huit dispositifs semblables on obtient
un réflecteur qui, quelle que soit la précision
de son orientation et la direction du rayon lumineux, renverra
ce dernier à l'expéditeur avec un minimum de pertes.
Comme pour un miroir plan, la puissance du rayon lumineux réfléchi
sera proportionnelle à la surface réfléchissante,
aux pertes près.
La taille des réflecteurs radar utilisés pour le
suivi des radiosondes dépend de la distance maximale à
laquelle la sonde doit être suivie. Il n'est pas rare que,
par grand vent, le ballon dérive de plus de 150km pendant
la phase de montée (16000m). Un réflecteur de plus
grande dimension est alors nécessaire pour assurer le suivi,
donc la mesure des vents, à haute altitude.
Sur les figures ci-dessous on comprend comment un dièdre
(fig. de gauche) renvoie un rayon lumineux. Sur le trièdre
de la figure centrale le rayon lumineux se réfléchira
trois fois (une voire deux fois dans des cas particuliers) avant
de retourner exactement vers la source.
La figure de droite montre un réflecteur radar utilisé
sur les ballons-sondes. Il est démontable, très
léger mais un peu fragile lors des récupérations
dans les arbres. On imagine que, quelle que soit la direction
dans l'espace d'où provient le signal du radar, celui-ci
rencontrera un des huit trièdres.
La "surface équivalente radar" (SER) d'un tel
réflecteur est de l'ordre de 7m²
deux faces réfléchissantes
trois faces réfléchissantes
24 faces réfléchissantes
Le réflecteur pyramidal
spécial radiosondage
Le réflecteur octaédrique
réfléchit les signaux radar de toutes les directions
: ceux d'un radar embarqué dans un avion se trouvant au-dessus
de lui comme ceux venant du sol. Pour le radiosondage, le but
est seulement de suivre la sonde depuis le sol. Un "demi-réflecteur
" octaédrique, autrement dit une pyramide avec la
pointe en bas, suffit ; il est moins encombrant, plus facile à
monter et sans doute moins coûteux à fabriquer.
Du début des années 1960 jusqu'à la
fin des années 1980, le suivi des radiosondes du réseau
français était assuré par des radars de type
RV2 fabriqués par l'OMERA puis dans les années 1970
par des RAFIX de la même société. Le réflecteur
représenté sur la photo ci-contre (de Michel F5ZJ)
a été retrouvé par un agriculteur dans les
années 80 et provient très vraisemblablement d'un
radiosondage effectué par la station de Brest-Guipavas.
La toile réfléchissante est en mylar métallisé.
Son aspect terne est dû à un long stockage dans un
grenier agricole.
Mise en oeuvre ou démontage d'un réflecteur pliant
Le réflecteur octaédrique est facile à monter
et à déplier et ne tient pas plus de place qu'un
petit parapluie quand il est replié. En cas de découverte
d'un réflecteur répliable, le chasseur de RS (ou
de ballon-école) n'aura qu'à appliquer la méthode
suivante :
Tirer sur lecapuchon double
reliant les extrémités des deux tiges supérieures
(celles guidant la ficelle)
les deux tiges se séparent
et le clip qui les maintient est facilement identifé
faire pivoter le clip pour
libérer les deux tiges
Le réflecteur radar
se replie comme un parapluie. Il suffit de l'enfiler dans une
boîte ou un sac étroit.
Le réflecteur sphérique
Comme le trièdre qui renvoie intégralement l'énergie
reçue (ou presque, car il y a toujours un peu de pertes
et de diffusion), le réflecteur sphérique réfléchit
toute l'énergie qu'il reçoit. Mais à cette
différence près qu'il l'a renvoie dans (presque)
toutes les directions et qu'une très faible partie est
retournée à la source, c'est à dire au radar
lui-même. Le pourcentage d'énergie retournée
est connu ce qui permet, en fonction de la distance, de vérifier
la sensibilité du radar en plus de sa précision
en direction et en distance.
Le BEM "Monge" effectue de temps en temps des radiosondages
équipés de réflecteurs sphériques.
Une très faible partie de l'énergie est réfléchie
en direction du radar
un
réflecteur et une DFM-06
Un réflecteur radar ancien
Jusque dans les années 1980
certains réflecteurs radar utilisé avec les radiosondes
suivies par radar ressemblaient à une sorte de parapluie
dont la toile était un fin grillage.
Il ne comportait que 4 trièdres puiqu'il n'avait à
réfléchir que les ondes venant du sol, donc depuis
une hauteur inférieure à la sienne. C'est un réflecteur
pyramidal comme décrit plus haut dans cette page.
Il mesure environ 2m d'envergure.
- La météorologie en Finistère Histoire
1720-2002 - Arc-en-Ciel n°11 - 2014
- Historique des radars météorologiques par
Michel BEAU - Arc-en-Ciel n°168 - 2012
Remerciements
- Wolfgang, DK8WX,
- Richard, radiosondeur de Bourges
- Radiosondeurs de Payerne
- Michel F5ZJ